Les sportifs de haut niveau font appel de plus en plus à un préparateur physique ou mental pour les aider à performer. En quoi consiste le travail d’un préparateur mental ?
Pour faire simple, le préparateur mental est au psychologue ce que le préparateur physique est au kinésithérapeute. Les premiers préparent et les seconds réparent.Mon travail consiste donc à préparer et entraîner l’athlète pour qu’il aborde les compétitions dans les meilleures dispositions mentales.
Oui mais comment faîtes-vous cela concrètement ?
C’est très simple, chaque discipline sportive sollicite des compétences psychologiques clés. Mon intervention vise à identifier ces compétences que l’on appelle des habiletés mentales puis à les développer chez l’athlète sous forme d’un programme d’entraînement.
Pour quelles raisons, en général, un sportif vient-il vers vous ?
Généralement, quand on vient me voir c’est qu’il y a un besoin et des attentes fortes. Néanmoins, les demandes sont chaque fois différentes et varient du : ‘Je veux devenir un Champion et je souhaite m’entourer d’une équipe compétente sur chaque dimension de la performance : le technique, le mental et le physique », en passant par « Je n’arrive pas à gérer la pression en compétition et cela me pénalise » ou encore « Depuis mon dernier accident, j’ai peur et je n’arrive pas à retrouver confiance » ou enfin « Je ne prends plus de plaisir dans mon sport depuis quelques temps, est-ce grave ? »
Quelles sont les étapes d’un coaching mental ?
Le travail commence systématiquement par une phase de diagnostic. A cette étape, j’évalue et teste le niveau de maîtrise des habiletés mentales de l’athlète en lien avec sa discipline de référence. Pour ce faire, j’utilise des questionnaires, des tests assistés par ordinateur et enfin des protocoles d’observation.
J’analyse ensuite l’ensemble des résultats, les synthétise et viens les présenter à l’athlète et son staff. Ce bilan d’évaluation présente les points forts du sportif, ses problématiques, ses points d’amélioration ainsi que des axes de travail.
Nous définissons enfin collectivement le cadre de fonctionnement, c’est-à-dire la fréquence des entraînements, du suivi au regard des problématiques, des disponibilités et du budget de l’athlète. Généralement, je vois physiquement l’athlète une à 2 fois par mois selon les périodes de l’année et me rend sur deux ou trois compétitions par an. En complément, l’athlète dispose d’un programme de préparation mentale individualisé à réaliser en autonomie. Enfin, j’assure un suivi téléphonique régulier à la demande de l’athlète.
Est-ce adapté pour un pilote de rallye ?
Complétement car le rallye automobile est une discipline sportive exigeante, complexe et qui met en jeu l’intégrité physique de l’équipage sur chaque virage, spéciale après spéciale. La complexité réside dans le fait que le pilote doit traiter simultanément de nombreuses informations et de natures différentes.
Le pilote doit être en capacité de traiter une information auditive venant de son copilote, dans un environnement bruyant et avec un temps d’avance. A cela, il doit aussi lire la route et connecter son attention sur ses points de trajectoire. Et pour terminer, il doit composer avec ses émotions générées par la vitesse, son niveau de tension musculaire, tout en étant focalisé sur le comportement de sa voiture. De là, on peut comprendre aisément que le couple pilote-copilote se doit être dans les meilleures dispositions mentales pour relever ce challenge en matière de traitement de l’information !
Et bien, tout ce que je viens de décrire s’entraîne et se perfectionne : de la routine de concentration en passant par le développement des capacités attentionnelles ou encore de gestion des états émotifs compétitifs. Tel est l’objet de l’entrainement mental. Il s’agit de recréer par des protocoles d’entrainement ce qui se rapproche au plus près de la situation de course. Ceci est d’autant plus important que le rallye est l’une des seules disciplines sportives au monde où le sportif passe plus de temps en compétition qu’à l’entrainement ! De manière caricaturale, la préparation mentale permet de ‘rouler’ et de s’entraîner sans être au volant de sa voiture de course. Bien entendu, cela ne remplacera jamais une séance d’essai mais c’est toujours mieux que de rester dans son canapé !
Je suis parfois stupéfait de voir en Championnat de France, des pilotes monter dans des autos très exigeantes et performantes, sans aucune préparation préalable, rincé et fatigué avant même le départ de l’Es1, sans avoir mangé le matin et tout juste avec café dans le ventre, se lancer dans une course contre-la-montre à haute intensité. Certes, ce ne sont pas de pilotes de haut-niveau me direz-vous mais parfois leurs voitures l’exigent !
Le pilote parle souvent de plaisir. Celui-ci est-il un gage de performance ?
Le plaisir est essentiel pour performer. Le fil conducteur de mes interventions vise justement à créer les conditions favorables à l’expression du plaisir pour l’équipage. Il n’y a pas dans la durée de performance sans bien-être et pas de bien-être sans plaisir ! C’est aussi simple que cela.
Un pilote qui est dans la frustration et l’énervement est dans le déplaisir. Cela ne fait que générer de la tension mentale et musculaire qui nuit à sa motricité fine (donc à son pilotage) et à ses capacités de traitement de l’information. Bien souvent, la première question que je pose au pilote lorsqu’il rentre à l’assistance est la suivante « As-tu pris du plaisir ? ». Sa réponse m’en dit long sur son état mental et sur la manière dont il a vécu les spéciales. L’ingénieur pose souvent la main sur le pneu de la voiture pour se faire une idée du niveau d’engagement du pilote moi je questionne son ressenti et ses perceptions en termes d’état émotionnel.
Le plaisir et la poursuite d’objectifs de moyens (ex : faire sa routine de concentration avec chaque Es) sont deux éléments clés de la performance. Bien trop souvent, le pilote est focalisé sur le résultat et le chrono. Je constate que la poursuite d’objectifs de résultat ne génère généralement que de la frustration et de l’anxiété, ce qui in fine nuit à la performance. Je m’explique, en championnat de France des rallyes, la majorité des pilotes veulent performer et tous disent qu’ils sont très motivés pour gagner. Est-ce bien cela qui va faire la différence entre gagner et perdre ? La réponse est absolument pas car ils sont dix à penser pareil ! Ce qui va faire la différence entre gagner et perdre c’est tout simplement la capacité du pilote à se centrer sur les paramètres qui sont directement sous son contrôle, ceux qu’il maîtrise (objectifs de moyens) comme la qualité de ses reconnaissances, la gestion de son alimentation et de son hydratation, la gestion de sa fatigue et de ses sauts attentionnels ou encore la qualité de sa routine de préparation. Donc, pour être rapide et efficace, il faut se détacher un maximum de la performance !
Pour appuyer mon propos, je prendrai un dernier exemple. Quand un pilote à l’intention d’attaquer pour creuser ou réduire l’écart avec ses adversaires, que se passe-t-il réellement dans sa tête ? Généralement, il décide d’attaquer en sollicitant davantage son registre émotionnel en mettant plus de cœur et d’engagement. Or, bien souvent c’est contreproductif car les émotions prennent le dessus, le niveau de tension musculaire augmente, la coordination et la motricité fine se dégradent et les capacités attentionnelles chutent. Au final, le pilote perd souvent bien plus de temps qu’il n’en gagne en faisant ainsi !
Mais comment faire alors ?
C’est très simple, pour être plus efficace, il suffit d’être plus concentré avec un état émotionnel stable et modéré. C’est seulement en augmentant son niveau d’éveil et d’attention que le pilote peut traiter la note plus tôt, donc inscrire plus proprement et rapidement la voiture dans sa trajectoire et au final gratter des dixièmes. Vous l’aurez compris, quand les émotions prennent le dessus, cela ne fait pas rouler la voiture plus vite, bien au contraire !
Avez-vous d’autres astuces pour nos lecteurs ?
Allez une dernière ! la gestion du niveau d’activation musculaire et d’éveil psychologique avant une spéciale est un facteur déterminant de la performance pour un pilote. Il doit apprendre à découvrir et déterminer son niveau d’éveil optimal. Cela nécessite donc de savoir se relaxer si besoin ou à contrario de s’activer. Des techniques basées sur du contrôle respiratoire couplées à des mots clés (discours interne) sont très efficaces pour se mettre dans les meilleures dispositions.
Le mot de la fin du coach ?
Je dirai en synthèse que la préparation mentale a pour objectif également de faire en sorte que le pilote apprenne à mieux se connaître. Qu’il réussisse à identifier les ingrédients qui sont déterminants de ses états de performances. Le préparateur mental aide tout simplement le pilote à gagner du temps dans sa connaissance de lui en proposant des outils issus de la recherche scientifique en psychologie su sport. Au final, c’est bien lui qui pilote, pas moi ! J’aide tout simplement le pilote à trouver son propre mode de fonctionnement. Le but et qu’il vole de ses propres ailes ensuite.
Santé ; Handicap ; Maladies neurodégénératives ; Parkinson ; TDA ; TDAH ; Alzheimer ; Sclérose en Plaques ; Dyslexie ; Dyspraxie ; Dyscalculie ; Commotion cérébrale ; Accident vasculaire cérébral ; Traumatisme crânien ; Sarcopénie ; Troubles de l’apprentissage ; Troubles neurovisuels ; Fonctions exécutives ; Mémoire de travail ; Engramme ; Troubles cognitifs ; Psychomotricité ; Maladie invalidante ; Déficience motrice ; Déficience visuelle ; Déficience cognitive ; Proprioception ; Bien vieillir ;Vieillissement
Psychologie du sport ; Psychologie cognitive ; Neurosciences ; Neuroplasticité ; Cerveau ; Neurones ; Plasticité cérébrale ; Motivations ; Stress ; Anxiété ; Neurophysiologie de l’éveil ; Imagerie mentale ; Processus attentionnels ; Cognition
Sport ; Athlète ; Entraînement mental ; Entraînement cognitif ; Préparation mentale ; Suivi psychologique ; Préparation psychologique ; Coach mental ; Performance ; Vision ; Perception; Prise de décision ; Anticipation ; Coordination ; Réflexes ; Traitement de l’information ; Entraînement perceptivo-cognitif ; Motricité ; Apprentissages moteurs ; Contrôle moteur ; Motricité fine ; Coordination oculomotrice ; Processus attentionnels ; Attention soutenue ; Attention partagée ; Attention sélective ; Concentration ; Focalisation de l’attention ; Vigilance ; Vision périphérique ; Temps de réaction ; Blessure sportive ; Gestion du stress ; Réathlétisation ; Confiance en soi
Neurotracker ; Nutrain ; FitLight Trainer ; Vizual Edge Performance ; Dynavision D2 ; FocusBand Brain Training ; emWave ; Freeze Framer ; NeuroVision ; Hypnos ; Inner Balance ; Echelle de rythme ; Balle de réactivité