De nos jours, le monde sportif (ex : entraîneurs, journalistes, athlètes) se plaît à reconnaître que le « mental » occupe une place prépondérante dans la pratique sportive compétitive et plus particulièrement dans le sport de haut niveau. En effet, lors de certaines compétitions, un athlète peut se sentir prêt techniquement et fort physiquement et malgré tout passer complètement à côté de l’événement. Ainsi, la dimension psychologique, ou encore le « mental » est souvent décrit par les acteurs du monde sportif comme une dimension inhérente et explicative du succès ou à contrario de l’échec sportif.

◊ Le mental décrit comme une variable explicative su succès ou de l’échec sportif

Il est en effet fréquent de constater que les coupures de presse ou les reportages télévisés regorgent d’affirmations selon lesquelles le mental est au centre des problématiques actuelles des équipes, athlètes, etc. (« C’est plus le mental qui est touché que notre basket »). Néanmoins, même si cette variable semble être au cœur des débats et réflexions du monde sportif, elle se heurte à des freins et à des résistances non négligeables. A juste titre, on peut évoquer le manque de connaissances ou l’ignorance du milieu à ce sujet (« Concentre-toi pour être concentré ! ») ou encore les croyances relatives au caractère inné des habiletés mentales (« Lui il a du mental ! ») et enfin les représentations selon lesquelles la préparation mentale ne convient qu’aux athlètes en difficulté, à ceux qui sont fragiles. Face à ce constat, il apparaît nécessaire d’informer les protagonistes du sport sur cette discipline émergente qu’est la préparation mentale, en la replaçant au cœur du champ de la psychologie sportive et de l’entraînement.

◊ Intérêt de la préparation mentale : maintenir l’efficacité du geste sous pression

La préparation mentale propose un ensemble de techniques que l’athlète va devoir apprendre et appliquer afin de maintenir l’efficacité du geste sous pression ainsi que se blinder contre les influences génératrices de stress (Lévèque, 2005[1]). Ainsi, elle peut être définie comme un ensemble de techniques physiologiques (ex : méthodes de relaxation), cognitives (ex : imagerie mentale, dialogue interne, restructuration cognitive, pleine conscience) et comportementales (ex : affirmation de soi, empathie) utilisées par le sportif pour faire face au défi compétitif. Elle est une discipline d’intervention qui consiste à appliquer au domaine du sport les principes de la recherche théorique et appliquée en Psychologie (psychologie sociale, cognitive) ou en Neurosciences.

◊ Développer des capacités d’adaptation, de préparation et de gestion de la performance

Le but de la préparation mentale est de permettre aux individus de développer et d’acquérir des capacités d’adaptation, de préparation et de gestion de la performance afin qu’ils puissent exprimer pleinement leur potentiel. Au même titre que l’entraînement physique et technique, la préparation mentale doit être pensée comme un apprentissage, un outil, une ressource supplémentaire à disposition de l’athlète dans son processus global d’entraînement et de formation au haut niveau.

◊ Les athlètes les plus performants utilisent des stratégies mentales à l’entraînement comme en compétition

De nombreux témoignages sportifs ainsi que bon nombre d’études scientifiques semblent indiquer que la performance sportive serait liée au développement et à l’amélioration des capacités physiques, technico-tactiques de l’athlète mais également à l’acquisition d’habiletés mentales spécifiques. Les athlètes les plus performants seraient les individus capables de s’approprier et d’utiliser des stratégies mentales en situation d’entraînement et de compétition. Par conséquent, cela suppose qu’ils aient appris et appliqué par eux-mêmes, diverses habiletés mentales (def : ensemble de compétences psychologiques régulant les pensées, émotions et comportement de l’individu ; Fournier 2006[2]) qui leur permettent de gérer efficacement les situations de compétition (ex : gestion des émotions, réglage du niveau d’activation, contrôle attentionnel). Cependant, la préparation mentale ne se limite pas à contribuer uniquement à l’amélioration des performances. En effet, la recherche de la victoire à tout prix est une attitude incompatible avec les principes éthiques et déontologiques d’un intervenant en psychologie du sport. L’accompagnement d’un sportif dans son projet de fin carrière, de reconversion professionnelle ou encore de gestion de la blessure est autant d’orientations possibles.

◊ Comprendre et entraîner les processus mentaux inhérents à la discipline sportive de référence

Le préparateur mental se propose donc d’intervenir auprès des acteurs du monde sportif pour les « aider » à comprendre et à améliorer l’utilisation des processus mentaux impliqués dans leur discipline. A cet effet, l’entraînement mental peut être constitué de trois phases. Dans un premier temps, il est nécessaire de procéder à une évaluation des besoins de l’athlète en fonction de ses objectifs et de ses ressources (ex : bilan psychologique, entretien, évaluation terrain). Dans un second temps, il convient d’entraîner les habiletés mentales inhérentes à la discipline sportive de référence en s’appuyant sur les résultats de l’évaluation (ex : remédiation et/ou optimisation d’habiletés spécifiques). La dernière étape consiste à évaluer les progrès dans les habiletés cibles et à organiser si nécessaire le nouveau plan d’action (ex : moyens de mise en œuvre) en fonction des carences émergentes.

Durant de nombreuses années, les recherches et les interventions portant sur la performance sportive ont été principalement appréhendées selon des approches physiologiques, bioénergétiques, biomécaniques, ergonomiques. Bien qu’elles aient eu un impact important dans la compréhension de performance, il apparaît aujourd’hui que les variables psychologiques ne peuvent plus être absentes dans l’explication et le développement de ce processus.

Julien Southon – Consultant en psychologie du sport

[1] Lévèque (Marc).– Aspects éthiques et déontologiques de l’intervention auprès des sportifs. Bulletin de psychologie, 58, 475, 2005, p. 91-95.

[2] Maître de conférences à l’UFR STAPS de l’Université Paris Nanterre. Il est membre du laboratoire CeRSM – EA 2931 et contribue à des recherches sur l’activité physique et la santé et sur la performance. Il a été le directeur scientifique de l’Institut National du Sport du Québec à Montréal pendant deux ans.